Cet été, le Musée de la Vallée de la Creuse vous invite au voyage, à travers la découverte de l’œuvre de Gérard Titus-Carmel. À cette l’occasion, l’artiste a réuni une soixantaine de peintures et œuvres sur papier, réalisées entre 2009 et 2022.

Horaires d’ouverture

Mardi, mercredi, jeudi, vendredi : 10h-12h et 14h-18h Samedi, dimanche et jours fériés : 14h-18h

Coordonnées

02 54 47 47 75 contact@museevalcreuse.fr Musée de la Vallée de la Creuse Parc de la mairie - 2 rue de la gare 36270 – éguzon-Chantôme

Gérard Titus-Carmel Distances, Saisons et Notes de Voyage


Né à Paris le 10 octobre 1942, Gérard Titus-Carmel vit et travaille à Oulchy-le-Château, dans l’Aisne. Il fait ses études à l’École Boulle, à Paris, de 1958 à 1962 dans l’atelier de gravure et d’orfèvrerie et, depuis lors, se consacre exclusivement au dessin, à la peinture et à l’écriture. Il voyage et écoute beaucoup de musique, aussi. Très vite son travail s’organise en suites et en séries, chacune datée et close sur son titre qui, aboutées les unes aux autres, composent un long récit de la perte mené jusqu’au bord du vide et de l’absence. S’enchaînent alors des suites de dessins sur la figure du déboîtement et de la brisure, de la déconstruction et de l’épissure, toutes ramenées au centre d’une œuvre dont les investigations conceptuelles et graphiques s’interpénètrent – travail qu’il poursuit par ailleurs en « illustrant » bon nombre d’ouvrages de poètes et d’écrivains.

Dès le début des années 1970, après les premières expériences olfactives, se développent de nombreuses suites de dessins et de peintures, jusqu’aux séries les plus récentes sur l’espace du paysage, sur la touffeur des frondaisons, les superpositions et l’organisation de l’ombre et de la lumière, comme dans la série des Forêts (1995-1996) qui, après les Dédicaces (1991-1992) et les Égéennes (1993-1994), s’ouvre comme une clairière durant la réalisation de la Suite Grünewald (1994-1996), où il approfondit sa réflexion sur la transparence et la « remontée » de la couleur. Succèdent alors les Nielles (1996-1998) et les Sables (1998-1999) où est privilégiée la trace du noir, puis les Quartiers d’Hiver (1999), les Feuillées (2000-2003), les Jungles (2004), l’Herbier du Seul (2005), blasons de la Nature et du Jardin qui, avec les Vanités et les Memento mori, cherchent à situer une présence dans le désordre naturel du monde. Vient ensuite la Bibliothèque d’Urcée (2006-2009), long cycle de peintures et d’œuvres sur papier marouflé qui se déploie en dix « départements » de dix œuvres chacun, marquant justement dans l’alignement des gestes comme dans l’occupation de l’espace, une volonté de donner un dessin – voire une écriture (et peut-être même une musique ?) – à ce désordre. Ce travail de saturation de la surface a débouché sur une série où la couleur s’engorge d’elle-même et rutile : les lumineuses Brisées, (2009-2012) scandant les étapes d’une imaginaire Route de la Soie, suivies des Figures du Double (2012), des Viornes & Lichens (2013-2014), des Ramures (2016), des Labyrinthes (2016), des Retombes (2017), des Herses (2018-2019) et Plan de coupe (2019-2021). Peintre, dessinateur et graveur, il a participé à plus de 500 expositions collectives, tant en France qu’à l’étranger, et près de 400 expositions personnelles (dont plusieurs chez Daniel Templon, Maeght, puis Lelong, en ce qui concerne les galeries à Paris) – et une douzaine de rétrospectives – lui ont été consacrées dans le monde entier, où son œuvre est représentée dans une centaine de musées et de collections publiques. Il a officiellement représenté la France dans de nombreuses manifestations internationales comme la Biennale de Venise (1972 et 1984), au Guggenheim Museum à New York, à Moscou et Leningrad, à l’Exposition Universelle d’Osaka (1970), de Séville (1992), etc, et a réalisé des peintures monumentales, entre autres pour le Grand Hall du Ministère des Finances à Paris (1989), la Cité des Congrès de Nantes (1990), l’Espace Olivier Messiaen de la DRAC Champagne-Ardenne, à Chalonsen-Champagne (1994). Parmi de nombreuses distinctions, il s’est vu décerner le Grand Prix de Peinture 2014 de la Fondation Simone et Cino Del Duca, sous les auspices de l’Académie des Beaux-Arts de l’Institut de France.

Indépendamment d’une somme très importante de commentaires et d’exégèses que son travail a suscitée chez les critiques et les historiens de l’art, bon nombre d’écrivains, de philosophes et de poètes se sont aussi penchés sur son œuvre de peintre : d’Aragon à Jacques Derrida, d’Alain Robbe-Grillet à Georges Duby, de Tadeusz Kantor à Yves Bonnefoy ou de Denis Roche à Abdelkébir Khatibi, quelques grands textes ont été écrits sur une œuvre qui ne laisse pas de questionner la représentation, le statut du modèle et sa mise en procès. Il a accompagné d’illustrations originales de nombreux ouvrages de poètes et, lui-même auteur, a publié à ce jour une cinquantaine de livres, recueils de poésie et essais sur l’art et la littérature, dont plusieurs « rêveries critiques » visitant l’œuvre de Pierre Bonnard, Hart Crane, Gustave Roud, Edvard Munch et Pierre Reverdy. Il a également publié bon nombre de textes en revues ainsi que des études sur Chardin, Philippe de Champaigne, Picasso, Max Ernst, Bram van Velde, JeanPierre Pincemin, Pieter Neefs , Eugène Leroy, Antonio Segui, Kurt Schwitters, Eugène Boudin ; sur Pierre Michon, Henri Michaux, Bernard Vargaftig, Jean-Louis Baudry, Jean Echenoz, Alain Robbe-Grillet, Yves Bonnefoy, Antoine Emaz …). Ces textes ont été pour la plupart rassemblés dans trois volumes : Épars (Le Temps qu’il fait, 2003), Au Vif de la peinture, à l’ombre des mots (L’Atelier contemporain, (2016) et Écrits de chambre et d’écho (L’Atelier contemporain, 2019).

Exposition Gérard Titus-Carmel au Musée de la Vallée de la Creuse à Éguzon-Chantôme. – YouTube