Découvrez l'univers féérique de Georges Lemoine


L’exposition consacrée à l’œuvre de Georges Lemoine mettra en résonnance poétique la diversité de ses travaux graphiques, typographiques et illustratifs.

Dessins originaux, linogravures, abécédaires et livres, feront voyager les visiteurs dans l’imaginaire féérique de l’artiste.

Horaires d’ouverture

Mardi, mercredi, jeudi, vendredi : 10h-12h et 14h-18h Samedi, dimanche et jours fériés : 14h-18h

Coordonnées

02 54 47 47 75 contact@museevalcreuse.fr Musée de la Vallée de la Creuse Parc de la mairie - 2 rue de la gare 36270 – éguzon-Chantôme

Georges Lemoine, Les itinéraires poétiques d’un illustrateur


Biographie

Je suis né à Rouen, dans le quartier Saint-Sever sur la rive gauche de la ville.

18, rue de la Pie-aux-Anglais, la 14 juin 1935.

J’ai cinq ans et quatre jours lors de l’appel historique du 18 juin 1940 lancé de Londres par le général de Gaulle.

Exode vers la Bretagne. La guerre nous y rejoint. Notre ville souffre. Nous aussi… devenons familiers des caves.

En 1946, la guerre terminée nous quittons Rouen pour Paris.

Ma mère est chanteuse, pensionnaire du Théâtre Français de Rouen. Elle possède une magnifique voix de soprano léger.

Je l’ai sûrement entendue chanter « Les mousquetaires au couvent » ou « Les cloches de Corneville » quelques temps avant ma naissance… d’où mon irrépressible goût pour la voix… celle des chanteuses en particulier.

En 1946, mon père, après cinq années de captivité recommence sa vie d’homme de théâtre… puis il devient chansonnier et dirige assez rapidement le célèbre cabaret de chansonniers le « Caveau de la République, à Paris. Chaque soir il se produit dans plusieurs des cabarets  de chansonniers montmartrois… Les deux Ânes, le théâtre de Dix Heures,

la Lune rousse, la Tomate… etc…

Nous habitons Montmartre en 1950, 61 rue Caulaincourt, je dessins à la maison et dans la rue des vues du Sacré-Cœur, de la rue Norvins, de l’Abreuvoir… (Voire le petit tableur prêté pour l’exposition d’Éguzon)

De 1951 à 1954 j’étudie à Paris, élève pour trois années au Centre d’Apprentissage de Dessin d’Art Graphique crée en 1946

par le peintre Henri Cadiou ; j’y trouve de merveilleux professeurs, tout particulièrement le peintre Pierre Coquet  qui me fait découvrir l’Art moderne, surtout Georges Braque et Picasso ; l’idée d’exercer un métier où le dessin aurait une place importante germe toute seule dans mon esprit… et ne m’abandonne plus. Je dessin toujours beaucoup.

J’épouse Catherine en 1958. Emmanuel naît en 1959, Olivier en 1962, Florence en 1965. Nous vivons à Paris puis puis dans le Val d’Oise, à Bonneuil en France. Plus tard nous retournerons en Normandie, près de Lyons-la-Forêt. Dès leur plus jeune âge mes enfants se penchent sur ma table à dessin, empruntent mes couleurs et mes gouges, gravent et dessinent à leur tour… fabriquent des petits livres.

Je deviens aisément ce que l’on désigne à l’époque « Dessinateur publicitaire ». On dit aujourd’hui « graphiste »

La chance me sourit ! J’ai comme Maître l’éminent typographe Marcel Jacno, nous sommes en 1965.

Je me lie d’amitié avec Gérard Blanchard – Typographe, graphiste, collectionneur de livres illustrés, érudit joyeusement actif je grave, pour l’édition, d’innombrables linos et bois.

Dès 1970 je travaille aux côtés du prestigieux éditeur Robert Delpire. Celui-ci m’offre la possibilité d’exposer mes dessins, en 1972, dans sa galerie de la rue de l’Abbaye, à Saint-Germain des Prés… Dans la nuit qui précède le dernier jour de l’exposition, treize de mes dessins originaux exposés sont volés !

En 1974, Robert Massin, typographe érudit, écrivain, grand mélomane, génial directeur artistique des éditions Gallimard me confie avec régularité l’illustration de nombreuses couvertures de romans pour la toute nouvelle collection Folio dont il a inventé l’image graphique et typographique.

J’ai certainement appris mon métier d’illustrateur en travaillant assidûment pour la presse magazine, mais plus spécialement

Bayard Presse et ses publications : Pomme d’Api – Les Belles histoires de Pomme d’Api, Okapi, Astrapi.

En 1975, Pierre Marchand crée le département Jeunesse au sein des éditions Gallimard, il me confie l’illustration d’un premier petit livre, un « Guide des Arbres » (le n°16) dans la collection qui porte le nom générique de Kinkajou/Gallimard.

Pierre est enchanté, il me donne à illustrer pour la collection Folio Junior qu’il vient d’inventer le charmant récit dont Claude Roy est l’   auteur: « La maison qui s’envole » ; ce volume à la particularité de porter le numéro 1 de cette collection.

J’en demeure toujours assez fier. J’ai fait don au musée de l’Illustration Jeunesse de Moulins (MIJ) de l’ensemble des dessins originaux illustrant « La maison qui s’envole ».

Notre collaboration amicale, heureuse et passionnée ne cessera pas, elle m’ouvrira les portes d’autres prestigieuses maisons d’édition. C’est toujours lui, Pierre Marchand, qui m’offre la possibilité d’illustrer de grands auteurs, classiques et contemporains : Andersen, Charles Dickens, Oscar Wilde… Marguerite Yourcenar, Henri Bosco, J.M-G Le Clézio,

Jacques Roubaud, Claude Roy, Michel Tournier, Jean-François Ménard, Élisabeth Brami, Rolande Causse, Héloïse Combes…

La typographie demeure pour moi un domaine toujours aussi vivant et passionnant, ceci malgré l’irruption des nouvelles technologies dues à l’envahissement informatique – véritable fléau – et les désastres stylistiques qu’il entraîne : méconnaissance totale et prétentieuse des règles typographiques, vulgarité dans le choix des caractères typographiques, mises en pages pitoyables…

J’ai créé de nombreux alphabets et abécédaires. Ces travaux et recherches constituent bien souvent mon pain quotidien.

Mais le dessin, pratiqué au cœur de la Nature, des bois, des paysages « du Berry » et de nombreuses villes, en France et à l’étranger, garde toujours sa place… peut-être la première ; c’est grâce à celle-ci que se sont affirmés et qu’on grandi mes rêves d’illustrateur.

En 2016, j’ai fait don à la Bibliothèque nationale de France de plus de 200 de mes carnets de dessin. Donation qui a été saluée, toujours à la BnF, par une importante exposition à la « Galerie des donateurs » avec la bienveillante attention de Jacques Vidal-Naquet, directeur du Département littérature Jeunesse.

Georges Lemoine, 7 juillet 2020 – 22 septembre 2020 (premier jour de l’automne)